Au Théâtre Alphonse-Desjardins
« Bachelor »
Théâtre Alphonse-Desjardins
25, allée de la Création
Repentigny
Les pluies diluviennes qui se sont abattues en pleine heure de pointe de l’arrivée au théâtre ont transformé les mises en plies en mises en pluie! Certains ont jeté la serviette, mais la plupart des personnes inscrites ont respecté l’horaire planifié et en temps réel, ils ont dû ajouter à leur temps de déplacement une participation à l’épreuve de la course vers le théâtre. Ça méritait une médaille olympique!
Oui, il pleuvait à seaux le 9 août dernier! Néanmoins, la situation n’a pas empêché les amis de se retrouver avec joie et de siroter une boisson en attendant de sécher!
Pendant ce temps, Dolorès, locataire d’un bachelor à Montréal, nous attendait et en avait long à raconter.
Ça commence avec des jambes en l’air !!!
Jolie jeune fille célibataire, enjouée, émancipée mais naïve, Dolorès nous livre sans scrupules son quotidien tout en s’épilant les jambes chez sa voisine, symbole très significatif d’un souci de soins personnels et de coquetterie pour répondre aux diktats de beauté chez la femme.
De manière désinvolte et humoristique, elle nous confie ses pensées, ses émotions et ses sentiments à travers de petits récits à propos de ses amours, le regard des hommes sur elle, son travail d’étalagiste chez Eaton, sa créativité qu’elle met en œuvre pour valoriser une « salôpette » en vitrine, un vêtement difficile à faire ressortir l’élégance et désuet selon la mode. Elle est à la fois drôle et triste dans son épisode du bureau des réclamations car elle en aurait beaucoup à révéler sur la manipulation de la marchandise par son patron et sa relation extra-conjugale.
Toutefois, Dolorès, c’est aussi une fragilité, une vulnérabilité lorsqu’elle nous parle de son nouveau chum Jay dont la relation vire au plus mal et se termine dans la violence. Bouleversée, elle est touchante et nous émeut avec ses états d’âme et nous fait ressentir toute sa peine et ses désillusions.
Trompée et déchue par ses deux passions amoureuses, elle réalise que son bonheur réside en elle.
Des modulations de courant électrique n’ont jamais perturbé la prestation de Monika Pilon qui avait toute notre attention. La comédienne, seule sur scène pendant 90 minutes, est intense, solide, nous envoie une gamme d’émotions du début à la fin de la pièce et nous fait tout oublier.
L’été dernier, Monika Pilon nous a déjà donné un aperçu de son grand talent d’actrice dans un long monologue au théâtre des Hirondelles et cette fois-ci, elle a su nous ravir dans son personnage de Dolorès.
De retour à la réalité, alors que nous étions dans les vitrines chez Eaton et les passions amoureuses de Dolorès, beaucoup d’eau s’était écoulée et des pannes majeures d’électricité affectaient le grand Montréal pour rentrer à la maison.
Cette pluie torrentielle marquera certainement l’histoire météo mais Bachelor, pièce créée en 1979, n’a pas vieilli et nous présente des sujets qui sont toujours d’actualité encore aujourd’hui. Nous avons passé un bon moment à rire et à pleurer pour certains d’entre nous.